« Si certaines zones ne sont plus exploitées, plus pâturées, laissées à elles-mêmes, les roselières font leur apparition, des arbres peuvent se mettre à pousser, ce qui “ferme” le marais et fait disparaître peu à peu les prairies humides », prévient Ludovic Da Silva, technicien agroenvironnement du Parc naturel régional de Brière. Or, celles-ci présentent de forts enjeux environnementaux, notamment pour des espèces remarquables telles que les Guifettes, les Limicoles, les Anatidés ou, côté flore, le faux Cresson de Thore. « Pour préserver cette biodiversité inféodée aux prairies humides, nous avons donc besoin des agriculteurs et de leurs animaux ». En contrepartie, l’État et l’Europe attribuent des aides financières sous forme de contrats « MAEC », à la Commission syndicale de grande Brière Mottière, qui les reverse aux éleveurs.
40 unités pastorales
Pour soutenir les activités d’agriculture extensive sur le marais de manière bien organisée, il existe un outil très utile : le plan de gestion pastorale. Ce document réglementaire de plusieurs dizaines de pages répertorie les 40 unités pastorales et indique le ratio d’animaux à respecter par parcelle. (consulter la version allégée du plan pastoral ICI)
Élaboré par le Parc naturel régional de Brière en concertation avec la Commission syndicale de grande Brière Mottière, le plan de gestion pastorale permet d’avoir une vision bien organisée, cadrée pour ces surfaces exploitables limitées. Chaque année, une réunion permet d’attribuer les parcelles en veillant à concilier les demandes de chaque éleveur dans le marais indivis.
Une répartition en concertation avec les agriculteurs
Entre 900 et 1000 animaux sont répartis sur le marais indivis chaque année sur ces parcelles. « L’attribution des parcelles est sensiblement la même d’une année sur l’autre. Elle se fait surtout en fonction de la proximité avec l’exploitation de l’éleveur », précise Christophe Orain, agent technique de la commission syndicale de Grande Brière. La commission élevage, qui regroupe des agents du Parc et les agriculteurs, passe en revue tous les îlots et les répartit en bonne intelligence. « La réserve du Nord n’avait pas été pâturée depuis longtemps, car ces parcelles étaient éloignées des exploitations. Heureusement cette année, nous avons la chance d’avoir deux nouveaux éleveurs qui se sont installés dans le nord du marais : leurs bêtes iront pâturer là ».
Une transhumance en barge sur les canaux
Les premières bêtes sont transportées sur le marais en avril, voire en mai ou juin en fonction du niveau d’eau. « Lorsque le niveau d’eau est particulièrement élevé (comme durant l’hiver 2019-2020) l’acheminement des animaux sur site est retardé », constate Christophe Orain. « Nous chargeons les animaux sur la grande barge où je peux faire monter jusqu’à 20 petites génisses ou 15 bovins adultes. J’ai aussi une petite barge multifonctions pour l’assistance sanitaire : si un bête a besoin de soins, je la ramène rapidement à son propriétaire. Les vaches sont laissées pendant 6 mois en liberté au cœur du marais. Certaines restent sur la même zone, d’autres passent d’une parcelle à l’autre. Elles savent très bien nager et suivent la plus expérimentée. Dès qu’on accoste, ces gourmandes se dépêchent de descendre pour aller brouter. On sent qu’elles aiment aller sur ces prairies ». Elles y resteront jusqu’à la mi-décembre si les niveaux d’eau le permettent.
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Le Plan de Gestion Pastoral de Grande Brière Mottière est un outil pour préserver le milieu et soutenir les pratiques agricoles extensives de marais.
Télécharger pdf, 1 MoLe plan de gestion s’appuie sur le déploiement de la Mesure Agro-Environnementale et Climatique (MAEC) Systèmes Herbagers Pastoraux (SHP2). Il s’inscrit dans le cadre du projet agro-environnemental et climatique du site Natura 2000 « Grande Brière – Marais de Donges et du Brivet », porté par le Parc naturel régional de Brière, opérateur local du site. La mise en oeuvre de cette opération collective doit permettre le maintien des pratiques agricoles, des infrastructures et de l’équilibre agro-écologique des surfaces pastorales. La gestion par pâturage est une composante importante du maintien des espaces naturels à haute valeur environnementale. L’objectif de cette mesure est de maintenir les surfaces collectives pâturées en soutenant l’exploitation agricole extensive et durable de ces milieux.
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