Plus de chèvres, plus de mains, plus de points de vente… C’est ainsi que l’on pourrait résumer, en quelques mots, l’essor de la fromagerie des chèvres du Bois Nozay. Mais, au-delà des fromages, Mathilde Hériteau et Maëva Le Danvic façonnent, ici, un lieu de vie agricole porteur de sens.
Lors de leur installation en 2020, Mathilde et Maëva n’étaient que deux. Issues du monde de la production agricole (Mathilde dans les céréales bio et Maëva déjà dans l’élevage de chèvres), elles cherchaient une ferme à reprendre pour se lancer à leur compte. « Nous avions trouvé cette exploitation de Saint-Lyphard. Celle-ci avait été longtemps dédiée à l’élevage de vaches laitières, mais elle n’avait plus d’animaux ». Là, elles construisent la chèvrerie, la fromagerie, la salle de traite et achètent un troupeau de 80 têtes, âgées de trois mois. « Nous étions contentes de notre démarrage et nous avions été bien accueillies localement, avec de bons retours sur nos produits ». Cinq ans plus tard, elles sont cinq à faire tourner la fromagerie, puisque trois salariées les ont rejointes : Morgane, Aline et Capucine. Avec un troupeau qui grandit en même temps que la ferme : le troupeau est désormais passé à 110 chèvres. « Lorsque nous nous sommes installées sur cette ferme, nous savions que nous mettions les pieds sur un lieu riche de potentiel », déclarent Mathilde et Maéva.
Une ferme, deux projets, une vision partagée
Loin de vouloir en faire un espace fermé, elles ont tout de suite envisagé la possibilité que d’autres activités agricoles s’y développent. « Rapidement après notre installation, nous avons intégré le réseau Terroir 44. Au sein de cette association, nous avons fait la connaissance de producteurs locaux avec lesquels nous partageons les mêmes valeurs ». De là est né un collectif baptisé Au grès des fermes, réunissant des producteurs engagés dans la vente directe sur la presqu’île, dont Morgane Guéno-Bruneau de Zéphyr Aromatiques . « Un jour, Morgane lance, au détour d’une conversation, qu’elle cherche un local pour sa production de plantes aromatiques. Installée à Guérande, elle manquait d’un atelier et de terres cultivables. En y réfléchissant, nous avons réalisé que nous avions tout pour l’accueillir : un bâtiment inutilisé, une surface suffisante… et une envie réelle de partage ! » Mathilde et Maéva ont donc réaménagé une partie du corps de ferme pour en faire l’atelier de Morgane et lui ont mis à disposition une parcelle pour ses cultures.
Une aventure humaine et un territoire porteur de sens
Aujourd’hui, sur le site de la ferme du Bois Nozay, six personnes travaillent, offrant une seconde vie à un site agricole qui aurait pu disparaître. « Au-delà de l’aspect logistique ou économique, c’est surtout sur le plan humain que cette cohabitation prend tout son sens. La possibilité d’échanger au quotidien sur nos réalités respectives, de nous entraider lors de travaux importants, de partager un repas ou un café : autant d’éléments qui enrichissent notre quotidien de productrices ». Attachées à des valeurs de production bio et locale, au plus près du consommateur, c’est tout naturellement que tout ce petit monde se sent dans son élément au sein du Parc naturel régional de Brière : « Faire en sorte de préserver le paysage, de fabriquer des produits locaux, ça a du sens ! Un Parc naturel, ce n’est pas simplement un espace que l’on protège et que l’on admire. C’est avant tout un espace où l’on vit », concluent Mathilde et Maéva.
