Ces reptiles menacés qui nous rendent bien des services

Vipère, couleuvre, coronelle, orvert, lézard… Mal connus, ces reptiles jouissent, à leurs dépens d’une bien mauvaise réputation mettant en danger leur survie. Pour connaitre l’état de la population de ces reptiles en Brière, Le Parc naturel, dans le cadre des Atlas de la biodiversité Communale lance une étude ambitieuse.

QUE SAVONS-NOUS DES POPULATIONS DE REPTILES EN BRIÈRE

Les espèces de serpents et lézards, communément appelées « reptiles », sont pour beaucoup d’entre elles en déclin sur toute la France Métropolitaine. Du fait de leur fragile état de conservation, les reptiles font l’objet de nombreuses études scientifiques et jouent un rôle de bioindication majeur pour la préservation des milieux naturels et de la biodiversité.

Sur les marais de Brière, des naturalistes locaux ont suivi attentivement le déclin des populations durant des dizaines d’années. C’est notamment le cas du Lézard vivipare ou encore de la Couleuvre vipérine, espèces autrefois facilement observables en Brière mais aujourd’hui disparues, ou très discrètes.

D’autres espèces comme la Vipère péliade, ou la Couleuvre helvétique (autrefois appelée Couleuvre à collier), sont aussi difficiles à observer aujourd’hui du fait des profondes modifications et perturbations de leurs habitats en quelques décennies.

Malgré cela, ces espèces font encore l’objet de phobies et de craintes, accentuant encore plus leur situation déjà précaire.

Vipère péliade :Critères de reconnaissance : Elle présente une figure noire (pour les mâles) ou brune (chez les femelles) en zigzag sur son dos. Sa pupille verticale est également caractéristique des vipères.Statut : Il s’agit probablement de l’espèce de serpent la plus menacée du département et de notre territoire. Fréquente autrefois en Brière, on ne la retrouve que ponctuellement aujourd’hui.Couleuvre d’Esculape : Critères de reconnaissance : D’aspect brun-olive, ses écailles apparaissent brillantes et sont plus claires vert l’avant. Les individus sont également piquetés de points blancs. Son ventre d’un jaune éclatant détonne fortement avec la couleur de son dos.Statut : Cette espèce méridionale est présente sur notre territoire en limite de sa répartition française. Elle peut être vue entre Pont-Château, Prinquiau et Donges, et pourrait avoir tendance à progresser avec le changement climatique.Coronelle lisse : Critères de reconnaissance : Élancée et de petite taille, la coronelle présente des taches noires discontinues sur son dos. Elle est aussi reconnaissable à la grande tâche noire sur son cou.Statut : Très discrète, l’espèce apparaît comme aussi menacée que la vipère. Elle semblerait cependant présente en plusieurs localités du territoire, pour peu de pousser les investigations pour l’observer.
UNE ÉTUDE AMBITIEUSE DANS LE CADRE DES ATLAS DE LA BIODIVERSITÉ

 Lancés depuis début 2019, les Atlas de la Biodiversité Communale (ABC) portés par le Parc naturel régional de Brière ont l’ambition d’élaborer un état des lieux de la biodiversité sur 8 communes concentrées à l’est de notre territoire : Trignac, Montoir-de-Bretagne, Donges, Saint-Malo-de-Guersac, Besné, Prinquiau, Pont-Château et Crossac.

LE POINT GRÂCE AUX PLAQUES

L’étude sur les reptiles réalisée ce printemps par le Parc naturel régional de Brière prend place dans le contexte plus large des ABC, Atlas de la biodiversité communale. Le Parc, épaulé par le centre d’études biologique de Chizé, par des herpétologues de la région et par la présence sur le terrain de Natalia Kaplita, étudiante en master 2 à Rennes, s’est appuyé pour la mener sur un protocole intégrant l’installation de « plaques à reptiles ». Celles-ci attirent lézards et serpents, toujours en quête de bons endroits pour réguler leur température corporelle. Des visites régulières sur les sites concernés – 26, répartis dans huit communes pour un total de 156 plaques – permettent de recenser les différents locataires rencontrés.

UNE ÉTUDE POUR OBSERVER…

« L’intérêt de cette étude, c’est d’avoir une vue sur l’état des populations et des espèces, explique Jérôme Legentilhomme, herpétologue indépendant, participant à l’étude en tant que conseiller. Elle va permettre de faire évoluer ce que l’on connaissait de la répartition des reptiles dans la région ». Deux grands types de zones sont observés : des milieux de type agricole (prairies) et des zones de friches, favorables aux reptiles qui ont besoin de zones de repli pour se cacher (haies, ronciers) et de zones de chasse à proximité. Le travail se fait en partenariat avec les propriétaires, qui voient ainsi valorisées leurs pratiques et leur gestion sur ces sites.

…ET POUR INTERPELLER

Sur les neuf espèces potentiellement visibles, toutes ne seront pas au rendez-vous… « Toutes les espèces sont en déclin du fait du démantèlement de leurs habitats, poursuit Jérôme Legentilhomme. L’une des plus impactées est la Vipère péliade, aujourd’hui classé vulnérable ; la Couleuvre à collier semble moins abondante que par le passé ; et la Couleuvre d’Esculape, quant à elle, est en limite de répartition ». Cette grande couleuvre, qui peut atteindre 1,30 mètre, n’avait pas été vue depuis 2013 ; belle surprise, elle a été redécouverte du côté de Donges. Si certaines espèces sont encore fréquemment rencontrées, comme l’Orvet fragile, la tendance générale est à la baisse –voire à la raréfaction dans le cas de la Vipère péliade. Il s’agit donc d’interpeller les communautés de communes et autres aménageurs d’espace sur la nécessité de préserver les habitats. Il convient aussi de redorer un peu l’image de ces bestioles mal-aimées, dont la présence est gage de qualité du milieu naturel. D’autant que ces super auxiliaires, se nourrissant de mulots, régulent les ravageurs du jardin !

QUELS RÉSULTATS ET COMMENT PROTÉGER CES ESPÈCES

Au total, 548 observations de reptiles ont été faîtes entre mars et juin 2020 sur l’ensemble des sites. La phase de terrain étant terminée, l’heure est à l’analyse des premiers résultats : 

  • Pour confirmer les craintes à propos de la Vipère péliade, seuls 5 sites ont permis l’observation de cette espèce. Certains sites présentent par ailleurs un statut de conservation défavorable, qui nécessiterait d’agir vite pour préserver ces populations.
  • La Couleuvre d’Esculape, qui n’était observée que ponctuellement jusqu’alors, a été fréquemment contactée sur la frange Est du territoire (limite de répartition Nord-ouest de l’espèce en France)
  • L’Orvet fragile a été retrouvé sur toutes les communes, et dans des proportions assez importantes. Les populations de cette espèce semblent bien se porter. 

L’étude et la discussion autour des premiers résultats a été présentée lors d’un comité technique rassemblant les différents spécialistes accompagnant ce projet.

Bien d’autres analyses seront nécessaires pour aboutir aux conclusions de cette étude. Elles seront notamment présentées lors des rencontres nationales sur la conservation des amphibiens et des reptiles à Ménigoute.

BON A SAVOIR

Sur notre territoire, seules les vipères peuvent s’avérer « dangereuses » pour l’homme. En France, on estime au total 1000 morsures de serpents / an, dont seulement 1 à 5 cas entraînant la mort. De plus, ces morsures interviennent seulement lorsque le serpent se sent en danger. Dans tous les autres cas, son comportement plutôt craintif le poussera à prendre la fuite.

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