Les marais de Brière et du Brivet sont reconnus comme une zone humide d’intérêt international pour la conservation des oiseaux d’eau. Pendant la période de migration, la situation géographique privilégiée de cette zone humide sur la grande voie de migration des oiseaux du nord-ouest paléarctique et la grande diversité de milieux qui la compose, sont des atouts majeurs pour accueillir les oiseaux septentrionaux, comme entre autre, le phragmite aquatique, en quête de nourriture et de repos.
UNE ESPÈCE MENACÉE
©Y.Le Bris
Le Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola) est un petit passereau migrateur considéré comme en voie d’extinction en Europe. Son déclin est amorcé depuis le début du 20ème siècle. Aujourd’hui, les pays de l’est de l’Europe, notamment la Biélorussie, la Pologne et l’Ukraine, accueillent la majorité des effectifs nicheurs. Entre 11 000 à 16 000 mâles chanteurs y sont recensés.
(source : Bretagne Vivante SEPNB ).
Soit une estimation d’environ 20 000 individus au total (source : Birdlife International – 2018)
POURQUOI SON DÉCLIN?
Nicheur en France jusque dans les années 1960, ce passereau a beaucoup souffert de la destruction des zones humides et de l’intensification des pratiques agricoles (PNA Phragmite aquatique – 2010). Bien que confrontées à ce type de menaces, les régions de l’est de l’Europe offrent encore au Phragmite aquatique l’habitat propice à sa nidification. Cet oiseau insectivore affectionne les prairies humides de fauche, à la végétation haute, pour se nourrir, avec à proximité des roselières qui le camouflent lors de ses temps de repos. Ces mêmes habitats, notamment les roselières, sont fréquentés en halte migratoire.
LA MIGRATION
Plusieurs pays européens sont ainsi concernés par la problématique de conservation du Phragmite aquatique. Ce petit passereau rejoint ses quartiers d’hivernage situés en Afrique subsaharienne dès août/septembre : il suit alors les côtes de la Manche et de l’océan Atlantique. Au début du printemps, de retour d’Afrique, le Phragmite emprunte une autre route et passe par la Méditerranée pour rejoindre les grands marais où il se reproduit. Plusieurs haltes migratoires sont ainsi effectuées en France, à l’automne et au printemps.
L’espèce a bénéficié en France d’un Plan National d’Actions sur la période 2010-2014, animé par l’association Bretagne Vivante SEPNB. Cette animation a pour but d’identifier le rôle des différents sites de halte, de cerner les enjeux de conservation ainsi que d’orienter les actions de suivi et de gestion à l’échelle nationale.
QUEL RÔLE JOUE LES MARAIS DE BRIÈRE ?
Les marais de Brière font partie des quelques zones humides françaises considérées comme halte migratoire d’importance internationale pour le Phragmite aquatique. Pendant sa migration d’automne, le Phragmite va rechercher dans cette vaste zone humide les ressources alimentaires dont il a besoin pour reconstituer ses réserves énergétiques qui lui sont indispensables pour poursuivre son voyage vers l’Afrique.377Phragmites aquatiques bagués en 5 ans
sur 10 474 oiseaux capturés
LES ACTIONS MENÉES PAR LE PARC NATUREL RÉGIONAL DE BRIÈRE
De manière à accroître la connaissance de cette espèce menacée et le rôle que joue les marais briérons dans la conservation de l’espèce, le syndicat mixte du Parc naturel régional engage depuis 2009 des suivis scientifiques dédiés à cet oiseau. Les études sont soutenues financièrement par l’agence de l’eau Loire Bretagne. Les actions conduites s’articulent notamment autour:
- Suivi du passage migratoire et des effectifs en transit par des campagnes de baguage : En août, une équipe scientifique du syndicat mixte du Parc naturel régional réalise le suivi des individus migrateurs par baguage au sein de la Réserve Naturelle Régionale Marais de Brière.
- Etude de l’écologie de l’espèce sur les marais de Brière : Des études approfondies ont été conduites, telles que l’analyse du régime alimentaire du Phragmite aquatique et son préférendum écologique. Ces études permettent d’identifier les principales proies dont se nourrit ce passereau insectivore et l’intérêt que révèlent les différents habitats (plans d’eau, vasières, roselières, prairies…) pour son alimentation ou ses périodes de repos.
- Cartographie des habitats potentiels du Phragmite aquatique à l’échelle du site Natura 2000. Dans le cadre du Plan National d’Actions « Phragmite aquatique », une typologie d’habitat a été définie de manière à identifier les sites qui peuvent être favorables à l’accueil de l’espèce. Cela a pour objectif de mieux cerner les enjeux en termes d’habitat et de gestion inhérents à chaque site d’accueil.
Le Parc naturel régional s’inscrit donc dans cette démarche visant notamment à estimer les surfaces qu’occupent les habitats attractifs en termes d’alimentation ou de repos du Phragmite en halte migratoire.
EN SAVOIR PLUS…
– La protection du Phragmite aquatique en France – Bretagne Vivante SEPNB- http://www.bretagne-vivante.org/France/La-protection-du-Phragmite-aquatique
– Le Plan National d’Actions (PNA) Phragmite aquatique 2010-2014 : https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/PNA_Phragmite-aquatique_2010-2014.pdf
– Le suivi par baguage du Phragmite aquatique et autres fauvettes paludicoles en estuaire de la Loire (association ACROLA) http://www.acrola.fr/camp_baguage.html