Originaire de Clisson, Philippe Nerrière commence à travailler le morta en 2016, après s’être installé dans la région. Ce bois de chêne en cours de fossilisation, particulièrement difficile à dompter, est surnommé « l’or noir de Brière ». Portrait d’un artiste passionné au savoir-faire unique.
« Tombé par hasard sur le morta »
En 2010, après avoir vendu sa société d’informatique, Philippe Nerrière, qui vivait à Nantes, s’installe dans les marais salants guérandais qu’il adore arpenter à pied, avec l’envie de changer de métier. « Je voulais faire quelque chose en lien avec la région mais je ne savais pas quoi exactement, puis je suis tombé par hasard sur le morta ! ». Cette découverte change le cours de sa vie. Il commence à travailler ce bois atypique d’un noir profond en 2016 et se fait d’abord la main sur de petits objets. Aujourd’hui, il crée de véritables œuvres d’art qu’il vend à travers le monde : des tableaux uniques dans lesquels il joue avec la couleur du bois, son épaisseur, sa texture et ses fissures naturelles.
Une matière précieuse
« Le morta se ramasse en septembre-octobre, quand les marais sont à sec et qu’on peut aller le retirer. C’est difficile d’en trouver. C’est un peu comme les champignons, personne ne donne ses coins ! » Certains morceaux de bois, trop compliqués à sortir, restent même inaccessibles. Pas si évident, donc… « C’est ce qui rend cette ressource si intéressante et si particulière ». Peu d’artisans ou d’artistes, d’ailleurs, travaillent le morta dans la région. « Moi, j’ai tout appris par moi-même. Maintenant, je maîtrise bien les différentes étapes de fabrication. » Oui, car le morta exige beaucoup de temps et de manipulations. Ce bois de 5 000 ans est extrêmement capricieux ! On ne peut pas l’utiliser tout de suite, il faut d’abord le faire sécher, et quand il sèche, il se tord. Pourtant, Philippe Nerrière a réussi l’exploit, en 2020, de créer le bar arrondi du célèbre restaurant du chef Éric Guérin, La Mare aux Oiseaux, à Saint-Joachim !
« Le coté brut et naturel »
« Ce que j’aime, c’est jouer, dans mes tableaux, sur la lumière qui s’immisce dans les fibres du bois. Cela m’arrive aussi de valoriser des racines ou des pièces naturelles simplement sur des supports, sans les sculpter. C’est vraiment le côté brut et naturel que je recherche. D’ailleurs, dans mon travail, je ne détruis rien : les arbres sont déjà morts. Et je n’utilise pas de colle. Je travaille uniquement le morta brut de chez brut. » Cet engagement pour la protection de l’environnement, Philippe Nerrière le partage avec le Parc naturel régional de Brière. Il a d’ailleurs été labellisé « Valeurs Parc ». Chapeau l’artiste !