Butor étoilé : en quête des mâles chanteurs

Deux ans après le dernier inventaire d’envergure conduit dans les marais de Grande Brière Mottière et de la Boulaie, le Parc relance ce printemps 2023 une nouvelle campagne de dénombrement des mâles chanteurs du Butor étoilé, espèce « phare » du territoire. Dans un contexte à priori défavorable en France, la poursuite de cette étude a pour objectif d’en apprendre davantage sur l’évolution de cet oiseau emblématique des roselières.

Imaginez quelqu’un qui soufflerait dans le goulot d’une bouteille en verre, à la manière d’une flûte de pan. Ou plutôt une corne de brume. Voilà le son caractéristique émis par les mâles chanteurs du Butor étoilé pour séduire les femelles et défendre leur territoire. Au printemps 2023, durant un peu plus d’un mois, les équipes du parc accompagnées de bénévoles parcourent le marais à l’aube et au crépuscule, se positionnant de manière stratégique pour comptabiliser les « booms » émis par les Butors et évaluer le nombre de mâles chanteurs présents. Déjà en 2007, 2008, 2009, 2016 et 2021, le Parc avait étudié de près la population de cette espèce d’oiseau menacée en Europe ayant fait l’objet par le passé d’un plan national de restauration (2008-2012). Elle était alors considérée comme l’une des espèces « phares » du document d’objectifs Natura 2000 pour le volet « Oiseaux » du site Natura 2000 briéron.

Plusieurs points d’écoute, plusieurs fois par semaine

En Brière, le dénombrement nécessite une organisation hors pair ! Durant un mois et demi (de mi-avril à fin-mai), en fonction de la météo, trois à cinq sorties hebdomadaires ont lieu le soir ou le matin. Les observateurs embarquent par équipes à bord de chalands et se répartissent en différentes localisations afin d’assurer un quadrillage du territoire par la réalisation de points d’écoute. Durant dix à quinze minutes, plusieurs fois par sortie, les équipes notent chaque contact de mâles chanteurs à la seconde près et les géolocalisent à l’aide d’une boussole. « On estime que le Butor est proche de nous quand on entend son inspiration avant le chant », précise Matthieu Marquet, responsable du service biodiversité au parc de Brière. Au signal lancé par Matthieu Marquet, chacun ouvre grand ses oreilles : « 5 booms, à 70°, proche », « 3 booms à 110°, loin »…

Le marais de Grande Brière Mottière au coucher du soleil
©P_Sabine

Une tendance au déclin décelée ces dernières années

Lors de la campagne de 2021, près de 70 localisations ont été investies en Brière, et 220 temps d’écoute réalisés sur la totalité des sorties. Le travail cartographique visant à croiser les azimuts relevés par les équipes permet de localiser les oiseaux sur le marais avant de les dénombrer. Par cette approche, entre 31 et 37 mâles chanteurs du Butor ont pu être comptabilisés en 2021 (contre 55 à 59 en 2016).. Les résultats de l’inventaire de 2021, malgré des conditions météorologiques défavorables, montraient une nette diminution de la population du Butor étoilé en Brière (de l’ordre de 40 % par rapport à 2016), à l’instar d’autres sites français (estuaire de Seine, Brenne…). En ce printemps 2023, les compteurs profitent de bien meilleures conditions météorologiques pour dénombrer les mâles chanteurs. En attendant les résultats officiels et en attendant de pouvoir dresser un bilan définitif, la diminution de la population du Butor étoilé en Brière semble se confirmer assez nettement

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