On appelle chaume le matériau posé en couverture. Il peut être d’une grande variété de fibres végétales : roseau, paille, seigle, jonc, typha… Aujourd’hui en France, le chaume est majoritairement du roseau.
L’artisan qui réalise les couvertures en chaume est appelé couvreur-chaumier. En Brière, nous comptons une dizaine d’entreprises de chaumiers, et une centaine en France. L’ANCC, Association Nationale des Couvreurs Chaumiers regroupe la plupart qui exercent en France.
La filière connait aujourd’hui un regain d’intérêt. Les sollicitations pour intégrer le roseau dans le bâtiment sont d’envergures (bâtiments publics, projet de quartier…) et de nombreux acteurs se mobilisent en faveur d’un objectif commun : obtenir un socle réglementaire reconnu (règles professionnelles), pour faire passer ce savoir-faire en techniques courantes.
Le projet BATIROSEAU voit le jour, une promesse de grandes avancées pour la filière. Il a pour but de structurer la filière couverture en chaume, système constructif historique et durable soumis à une problématique fongique, et de développer, de manière complémentaire, l’extension du domaine d’application du roseau dans le bâtiment pour le roseau non valorisable en toiture. De belles perspectives pour la filière roseau !
Liste non exhaustive.
Couverture en chaume :
- Chaume Urbain, Aubervilliers (93), livré 2021
- Le clos des fées, Paluel (76), livré en 2013
Façade en chaume :
- Beautour – Centre de découverte de la biodiversité, La Roche-sur-Yon (85), livré en 2014
- La Maison RoZo, Savenay (44), livré en 2019
- La maison en roseaux, Saint-Nolff (56), livré en 2015
- Centre socio culturel du Val de Cisse, Nazelles-Negron (37), livré en 2018
- Le Chaum-Room, Nantes (44), livré en 2014 dans le cadre d’une exposition éphémère
- La fabriK, Guérande (44), livré en 2011
- L’avant-garde, Guérande (44), livré en 2019
- Centre pédagogique Wadden Sea Centre, Danemark
- Observatoire ornithologique, Pays-Bas, livré en 2018
- The Enterprise Centre, Royaume-Uni, livré en 2015
- The Nest, Namibie
- De nombreuses façades en chaume aux Pays Bas
Bardage en panneaux de roseaux :
- Immeuble de bureaux, Nantes (44), livré en 2016
Depuis 2019, le Parc permet à l’Association Nationale des Couvreurs Chaumiers de travailler sur l’élaboration des règles professionnelles de la couverture chaume. Le projet BatiRoseau, sur 4 ans, va donner lieu à de nombreux essais de caractérisation du roseau, nécessaires à la validation des règles, dans des laboratoires accrédités.
Le roseau commun, Phragmites Australis, posé en couverture mesure en moyenne 1.80 m de hauteur. La tige est creuse, elle mesure environ 0.50 cm de diamètre. Pendant la pousse le roseau est vert et possède des feuilles de 20 à 50 cm de long par 2 à 3 cm de large et ses tiges sont ornées d’un plumeau argenté. Le roseau est récolté en hiver, lorsqu’il est sec et de couleur jaune, lorsque ses feuilles sont tombées. C’est une plante qui n’est pas semée et qui se régénère naturellement tous les ans dans les milieux humides à partir de son rhizome. Lorsque les roseaux sont coupés ils sont disposés en botte. Après diverses manipulations de tri et de séchage, ces bottes sont posées telles quelles sur la couverture et ne subissent aucune transformation.
Il existe deux façons de couper le roseau :
- Le roseau est coupé à la mécaniquement, à l’aide d’une machine de coupe. Pour la plupart, il s’agit de machines sur-mesure, d’anciennes dameuses à neige réadaptées. La récolte se fait sur terrain sec. La coupe mécanique permet de récolter environ 2 000 bottes par jour. En France à notre connaissance le roseau est coupé mécaniquement pour la couverture chaume dans les secteurs suivants :
- Morbihan, capacité de récolte : 30 ha par an, 25 000 bottes par an
- Normandie, capacité de récolte : 100 ha par an
- Camargue, capacité de récolte : 2 000 ha par an
- En Brière il est coupé à la main, car le sol est tourbeux et pas assez porteur pour soutenir une machine. La coupe s’effectue en s’équipant d’une faucille, dans des marais immergés avec 70 cm d’eau. Les bottes de roseau sont ensuite retravaillées une par une pour permettre un séchage efficace. Ce savoir-faire historique nécessite une trentaine de manipulations. Un coupeur à la main coupe environ 70 bottes par jour. Il existe encore quelques coupeurs en Brière, qui récoltent environ l’équivalent d’un à deux chaumières.
Il est très compliqué de connaître la surface exacte de roselière disponible sur un territoire (et le volume de roseau correspondant) puisque de nombreuses roselières sont mixtes, c’est-à-dire pas uniquement composées de Phragmites Australis. Les Pays de la Loire disposent de 18 000 hectares, 23 200 hectares pour le Grand Ouest, 54 000 en France (toutes espèces confondues). De nombreuses roselières sont inexploitées en France. Ce sont des milieux à très forts enjeux écologiques, qui sont inclus dans de nombreuses zones environnementales protégées puisqu’elles accueillent une biodiversité qui lui est propre d’intérêt patrimonial. La coupe doit donc être largement étudiée avant l’action et se faire de manière raisonnée en adoptant des modes de gestion particuliers pour maintenir les surfaces de roselières en état, améliorer la biodiversité du milieu et concilier l’activité humaine avec la protection de l’environnement et de ces milieux. Un équilibre est à trouver. Le Parc mène une étude d’état des lieux, de potentiel et de faisabilité sur les roselières de Loire Atlantique et du Morbihan.
En 2020, voici les sources d’approvisionnement en roseaux des chaumiers exerçants en Brière :
- 20% Pays de la Loire (Brière)/Morbihan
- 50 % Camargue
- 30 % Europe de l’Est (Turquie, Hongrie…)
Ces chiffres fluctuent chaque année en fonction de la disponibilité du roseau, de la qualité, et du prix des fournisseurs.
Le roseau possède des qualités d’isolations thermique et acoustique remarquables permettant un confort accru pour les usagers et ce, en toute saison, sans compter qu’il participe à la régulation de l’hygrométrie des espaces et de la qualité de l’air intérieur !
La résistance thermique de la couverture en chaume est de 6.15 m2.K/W pour 40 cm et 3.7 m2.K/W pour 30 cm de couverture.
Concernant le feu, le roseau est moyennement inflammable, ne propage pas le feu et ne dégage pas de gaz toxique. Classement feu en couverture chaume : M3 – CSTB ; Classement feu en panneaux de roseaux B2 – DIN 4102-1.
Il s’agit d’un matériau à très faible impact environnemental en termes de stockage du carbone, de valorisation des déchets roseaux, de l’absence de traitement pour un produit fini, de ressource disponible localement etc.
Le roseau n’est pas appétant pour les petits animaux mais peut représenter un abri. Des insectes peuvent apparaître quelque temps mais ce phénomène est passager et sans danger. Grâce à sa haute teneur en silice, il a une forte durabilité naturelle et ne nécessite pas de traitement.
Le roseau possède un bon comportement à l’humidité. Ses tiges hydrophobes rendent possible la réalisation d’enveloppes perspirantes.
Le roseau représente aussi des atouts socio-économiques grâce à la création d’emplois non délocalisables en mobilisant des ressources locales valorisant les circuits courts.
La durée d’un chantier varie selon le nombre de chaumiers. Un chantier par un chaumier travaillant seul, peut durer jusqu’à 3 mois, et environ 20 jours à 1 mois avec plusieurs chaumiers. La pose du chaume est très complexe. On dit qu’un chaumier a besoin de 5 ans pour être autonome. Les roseaux sont rassemblés en bottes lors de la coupe, les bottes sont fixées une par une directement sur les liteaux de la charpente. Le chaume est posé couche par couche. Des barres horizontales plaquent et maintiennent les bottes contre la toiture. En savoir plus sur la technique de pose.
Le Collectif Biosourcé Pays de la Loire, crée en 2021, regroupe les acteurs et les filières biosourcés et géosourcés émergentes dans la construction en région Pays de la Loire. Il est composé de la DREAL des Pays de la Loire, la Région des Pays de la Loire, FIBOIS Pays de la Loire, ECHOBAT, le Collectif Paille Armoricain, Construire en Chanvre, le Collectif des Terreux Armoricains, le Parc Naturel Régional de Brière pour la filière roseau et de NOVABUILD.
Une des ambitions fortes de ce Collectif est d’apporter plus de visibilité aux actions déjà organisées et une meilleure coordination des actions des différents membres.
En juin 2021, les membres du Collectif Biosourcé Pays de la Loire se réunissaient pour la première fois pour travailler de concert à une meilleure intégration des matériaux biosourcés en construction et en rénovation. Un an plus tard, il est temps de présenter les premiers résultats de ces travaux ainsi que l’actualité des filières locales, à l’occasion de l’Université d’été du Collectif qui s’est tenu dans le cadre du Carrefour international du bois, au Parc des Expositions de Nantes le 3 juin 2022. Professionnels et acteurs du bâtiment ont participé à cette matinée d’échanges et de retours d’expérience.
-
- Brochure – Vers une filière roseau pour construire demain – PNR Brière et Vosges du Nord, 2021 et téléchargeable dans Document associé.
-
- Vidéo conférence – Le roseau dans la construction – Louise Debout, Diplômée en Génie Civil, INSA Strasbourg, 2020.
-
- Plateforme Amaco – Construire en fibres végétales.
-
- Plateforme TERRAFIBRA Awards Prix mondial des architectures contemporaines en fibres végétales.
- Plateforme TERRAFIBRA Awards Prix mondial des architectures contemporaines en fibres végétales.
-
- Thèse Potentiel de l’architecture contemporaine de roseau – Carole Lemans, Normandie Université, 2022.