Face aux défis écologiques, agricoles et alimentaires, les collectivités se mobilisent

Déclins de certaines espèces et dégradation des habitats naturels : l’érosion de la biodiversité constitue un enjeu actuel majeur. Or, biodiversité, agriculture et alimentation sont étroitement liées. Face à cela et aux attentes des citoyens pour qu’émergent des solutions concrètes, les collectivités locales doivent se mobiliser et se fédérer. Ensemble, on va plus loin ! « L’urgence des convergences face à la crise écologique et climatique », tel est justement le thème du Congrès des Parcs qui se déroule ce mois-ci sur le territoire. Ce jeudi 20 octobre 2022, les participants ont notamment discuté de la fédération des acteurs publics en faveur de la transition agricole et alimentaire locale.

Rien qu’en parlant de biodiversité, le constat est alarmant : « Le taux d’extinction d’espèces animales et végétales est estimé à 100 fois supérieur aux taux des 5 grandes extinctions de masse sur Terre, au point d’assister, aujourd’hui, à la6e extinction massive », selon le site web du Gouvernement dédié aux enjeux de l’environnement et du développement durable. De même, l’IPBES, groupe international d’experts sur la biodiversité, nous alerte sur le déclin global de cette dernière « à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine » et indique que des « changements transformateurs sont nécessaires ». Or, la mobilisation des collectivités locales est essentielle pour fédérer et opérer ces changements ! Comment faciliter l’action des communes et de leurs élus en faveur de la biodiversité, de la préservation des écosystèmes et des ressources naturelles (notamment en eau) ? Comment favoriser les convergences des élus, des acteurs et des citoyens pour accompagner les transitions locales ? Exemple, en direct du Congrès des Parcs, avec le Projet Alimentaire Territorial (PAT) Presqu’île, Brière, Estuaires. 

À la recherche d’un modèle agricole viable et responsable
Le territoire de Presqu’île, Brière, Estuaires est riche en biodiversité et bénéficie d’une agriculture diversifiée. Sur la Presqu’île guérandaise sont implantées de nombreuses fermes, et de nouveaux maraîchers s’y installent. C’est le cas, par exemple, d’Hugo Niccolaï, jeune maraîcher bio, qui s’est associé en 2019 à l’éleveur Benjamin Desbois, au GAEC* de la Pâture, à Guérande, exploitation agricole que certains participants du Congrès des Parcs ont eu la chance de découvrir ce jeudi 20 octobre. Néanmoins, s’installer comme agriculteur constitue un réel défi, notamment pour que le modèle économique de l’exploitation reste viable, durable et responsable. « Notre modèle à nous en maraîchage, c’est de faire des légumes bio en plein-champ, en demi-gros (environ 140 tonnes produites par an) et en semi-diversifié : nous ne produisons qu’une dizaine de légumes différents (carottes, pommes de terre, choux, courgettes, haricots, panais, fenouil…), explique Hugo Niccolaï. Nos légumes sont commercialisés sur le territoire via des intermédiaires locaux. Notre volonté est de favoriser au maximum les circuits courts, cela a plus de sens ! » Les légumes du GAEC de la Pâture ont d’abord été vendus dans des magasins spécialisés en bio, dans des grandes ou moyennes surfaces (GMS) locales et à la légumerie « L’Atelier de la Fée aux Ducs » de Nantes. « C’est ce qui nous a permis de nous lancer. Dès la première année, nous avons également commencé à travailler avec la restauration collective. Aujourd’hui, nous accélérons le développement de cette activité en approvisionnant certains collèges et écoles primaires de la Presqu’île, et toujours la légumerie de Nantes. »

La coopération entre communes
« En effet, valoriser nos produits dans les cantines scolaires du territoire a toujours été un souhait, mais il est difficile de mettre cela en place seuls, car il y a de nombreux défis logistiques à relever et il est aussi nécessaire de bien comprendre en amont les contraintes de chacun, précise Hugo Niccolaï. C’est pourquoi, en 2021, nous avons travaillé de concert avec d’autres maraîchers du territoire, le Groupement des agriculteurs biologiques de Loire-Atlantique (GAB44), le Département et les restaurants scolaires pour essayer de mettre un modèle d’approvisionnement en place à partir de 2022. » Cette action initiée par le GAB44 s’inscrit pleinement dans le Projet Alimentaire Territorial (PAT) Presqu’île, Brière, Estuaires qui a pour objectifs, rappelons-le, de relocaliser l’agriculture et l’alimentation au sein du territoire, en soutenant, par exemple, l’installation d’agriculteurs, le développement de circuits courts ou encore l’utilisation de produits locaux dans les cantines. Éric Provost, président du Parc naturel régional de Brière et vice-président de la CARENE, Bertrand Plouvier, conseiller communautaire en charge du PAT à Cap Atlantique, et Olivier Demarty, élu communautaire en charge du PAT pour la Communauté de communes Pont-Château Saint-Gildas-des-Bois, s’accordent ainsi tous les trois sur l’intérêt d’un PAT inter-collectivités pour apporter des réponses concrètes aux producteurs : « En tant qu’élus, nous avons conscience de la richesse agricole du territoire et de ses vulnérabilités. Nous devons travailler ensemble, entre bassins de consommation et bassins de production, et à différentes échelles, avec le Département et la Région, pour accompagner localement la transition agricole et alimentaire, nous fixer des ambitions partagées et conjuguer nos moyens. Il est important de proposer aux producteurs des solutions concrètes : engagement de la demande de la restauration collective, facilitation de la transformation et de la logistique, aide à l’installation, etc. »

Approvisionner les cantines scolaires
En mars 2022, grâce au GAB44, 4 écoles primaires communales, 12 collèges et 7 maraîchers ont ainsi été mis directement en relation. Depuis, les producteurs bio, dont le GAEC de la Pâture, se répartissent les volumes de production à livrer aux différents établissements scolaires. Et tous continuent de travailler en étroite collaboration afin d’affiner ensemble les besoins des établissements, mieux planifier les livraisons et sélectionner le mode de livraison le plus écologique. Légumes bio et locaux de qualité, circuits courts, anticipation, engagements, relations de confiance, réactivité et, à la clé, davantage de sens et une biodiversité préservée : tout le monde y gagne !

* Groupement Agricole d’Exploitation en Commun.

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