Pendant toute l’année 2024, un groupement de bureaux d’études a travaillé sur le projet de trame noire initié par le Parc naturel régional de Brière, en lien avec Territoire d’énergie Loire-Atlantique. Ses prescriptions techniques seront bientôt accessibles à tous les partenaires du projet, collectivités, acteurs économiques et associatifs. Virginie Voué, conceptrice lumière et mandataire de ce groupement, nous raconte les grandes étapes de ce travail de longue haleine.

Pourriez-vous nous présenter le groupement de bureaux d’études dont vous faites partie ?
Ce groupement pluridisciplinaire est composé de deux bureaux d’écologues, Artelia et TerrOïko, ainsi que de DarkSkyLab, bureau d’études spécialisé dans la quantification et la cartographie de la pollution lumineuse et de l’éclairage artificiel, et de Luminescence, mon entreprise de conception lumière. Ensemble, nous avons répondu à l’appel d’offres lancé, fin 2023, par le Parc naturel régional de Brière en lien avec Territoire d’énergie Loire-Atlantique pour élaborer la trame noire. Nous avons débuté notre mission en janvier 2024.
Comment se sont déroulés vos travaux ?
D’abord par une phase d’analyse et de modélisation. Nous avons analysé le territoire à l’échelle macro et micro, en croisant les données d’éclairages artificiels (publics et privés) et les enjeux de préservation de la biodiversité, afin d’obtenir une vision d’ensemble la plus complète possible. Nous avons ensuite déterminé plusieurs niveaux d’enjeux en matière de protection de la biodiversité, du plus faible au plus fort, et les différents zonages géographiques correspondants. À la suite de cela, nous avons élaboré la trame noire en tant que telle à partir de ces niveaux d’enjeux. Nous avons ensuite défini des prescriptions techniques d’éclairage (couleur, niveaux photométriques, temporalité…) en lien avec ces niveaux d’enjeux, selon les zonages géographiques de la trame noire, dont le recueil sera à destination des collectivités territoriales et des aménageurs qui interviennent sur le territoire. Plus les enjeux de biodiversité sont forts, plus les prescriptions d’éclairage sont restrictives (en jouant sur les différents critères techniques de l’éclairage pour le niveler).

Quelle sont les prochaines étapes ?
Nous allons synthétiser ces prescriptions techniques dans des fiches descriptives. Ces documents précis techniquement permettront aux techniciens éclairagistes de disposer de tous les outils nécessaires pour mettre en œuvre les prescriptions de la trame noire sur le territoire. Celle-ci permettra de mettre en place ce qui s’apparente à la gestion différenciée, appliquée à l’éclairage public sur le territoire. La particularité de la démarche de notre groupement vis-à-vis de la trame noire est de fournir un outil de travail opérationnel. Dans le cadre de notre mission, le Parc naturel régional de Brière nous a également missionnés pour réaliser des outils de communication et de sensibilisation (affiches, mémento, guides) qui permettront aux collectivités d’informer le grand public et les entreprises du territoire.
Vous avez déjà partagé l’avancée de vos travaux avec les collectivités concernées, comment s’emparent-elles du sujet ?
Les retours sont plutôt enthousiastes. Les représentants des collectivités sont agréablement surpris par le potentiel offert par cette étude. Ils ont compris que la trame noire, au même titre que les trames verte et bleue, était un outil de planification du territoire et que notre approche leur permettrait une mise en œuvre aisée et pragmatique. De nombreuses collectivités sont déjà engagées, au-delà de la transition énergétique, dans une démarche de transition écologique. Cet outil complémentaire pourra leur permettre d’aller plus loin, par exemple, en intégrant la trame noire à leur plan d’urbanisme.