On le sait, le marais indivis de Grande Brière Mottière est essentiel à la conservation de certaines espèces et d’habitats d’intérêt communautaire. Pour préserver ces précieux trésors de la nature, l’agriculture extensive est encouragée, car elle empêche le marais de se refermer. Cette gestion pastorale est gérée par La Commission syndicale avec l’appui du Parc naturel régional de Brière.
Si certaines zones ne sont plus exploitées, plus pâturées, laissées à elles-mêmes, les roselières font leur apparition, des arbres peuvent se mettre à pousser, ce qui “ferme” le marais et fait disparaître peu à peu les prairies humides . Or, celles-ci présentent de forts enjeux environnementaux, notamment pour des espèces remarquables telles que les Guifettes, les Limicoles, les Anatidés ou, côté flore, le faux Cresson de Thore. C’est pourquoi, pour préserver cette biodiversité inféodée aux prairies humides, les agriculteurs et de leurs animaux sont utiles pour le maintien de ces enjeux.
En contrepartie, l’État et l’Europe attribuent des aides financières sous forme de contrats « MAEC », à la Commission syndicale de grande Brière Mottière, qui les reverse aux éleveurs.
40 UNITÉS PASTORALES Pour soutenir les activités d’agriculture extensive sur le marais de manière bien organisée, l’attribution des 40 unités pastorales est décidée en commission élevage ou un ratio d’animaux par parcelle est respecté pour maintenir un équilibre écologique.
Chaque année, une réunion permet d’attribuer les parcelles en veillant à concilier les demandes de chaque éleveur dans le marais indivis.
UNE RÉPARTITION EN CONCERTATION AVEC LES AGRICULTEURS
En règle générale, entre 900 et 1000 animaux sont répartis sur le marais indivis chaque année sur ces parcelles. « L’attribution des parcelles est sensiblement la même d’une année sur l’autre. Elle se fait surtout en fonction de la proximité avec l’exploitation de l’éleveur », précise Christophe Orain, agent technique de la commission syndicale de Grande Brière. La commission élevage, qui regroupe des agents du Parc et les agriculteurs, passe en revue tous les îlots et les répartit en bonne intelligence.
UNE TRANSHUMANCE EN BARGE SUR LES CANAUX
Les premières bêtes sont transportées sur le marais en avril, voire en mai ou juin en fonction du niveau d’eau. « Lorsque le niveau d’eau est particulièrement élevé (comme durant l’hiver 2019-2020) l’acheminement des animaux sur site est retardé », constate Christophe Orain. « Nous chargeons les animaux sur la grande barge où je peux faire monter jusqu’à 20 petites génisses ou 15 bovins adultes. J’ai aussi une petite barge multifonctions pour l’assistance sanitaire : si un bête a besoin de soins, je la ramène rapidement à son propriétaire. Les vaches sont laissées pendant 6 mois en liberté au cœur du marais. Certaines restent sur la même zone, d’autres passent d’une parcelle à l’autre. Elles savent très bien nager et suivent la plus expérimentée. Dès qu’on accoste, ces gourmandes se dépêchent de descendre pour aller brouter. On sent qu’elles aiment aller sur ces prairies ». Elles y resteront jusqu’à la mi-décembre si les niveaux d’eau le permettent.