Répertorier les habitats naturels pour mieux les préserver
Dans le cadre des Atlas de la biodiversité communale (ABC) initiés par le Parc naturel régional de Brière, des naturalistes ont répertorié les différents types d’habitats naturels de 21 communes. Ce travail colossal réalisé de 2019 à 2023 a permis d’inventorier les milieux les plus intéressants, comme les prairies humides, les landes ou les mares, pour mieux les préserver. Exploration.
Un Atlas de la biodiversité communale (ABC), c’est quoi ?
C’est un état des lieux global de la faune, de la flore et des habitats naturels présents sur une commune. Les objectifs de cet inventaire, orchestré par le Parc naturel régional de Brière ? Améliorer les connaissances du patrimoine naturel local et agir pour préserver la biodiversité. Car on ne peut préserver que ce que l’on connaît ! Afin de réaliser les inventaires des habitats naturels1, le Parc naturel régional de Brière a fait appel aux naturalistes et botanistes de l’association Bretagne Vivante2. Entre 2019 et 2023, ces derniers ont ainsi parcouru les 21 communes engagées dans la démarche (hors sites Natura 2000) pour répertorier les différents types d’habitats naturels.
Quelle a été la méthode utilisée ?
« D’abord, nous avons fait une demande d’extraction de données auprès du Conservatoire botanique national de Brest qui inventorie les plantes et les milieux naturels depuis des années. Nous avons analysé attentivement les photos aériennes transmises, datant de 2016 », explique Philippe Frin, botaniste partenaire de Bretagne Vivante. Ensuite, place au travail sur le terrain : les scientifiques ont arpenté l’ensemble des parcelles des communes en y observant la végétation et en répertoriant les différents types d’habitats présents. De retour à leur bureau, ils ont réalisé la cartographie complète de ces habitats, commune par commune.
Quel est le bilan ?
Le constat est sans appel : il existe encore très peu d’habitats naturels intéressants, c’est-à-dire des prairies humides, des landes ou des mares ! En revanche, les cultures et les prairies ensemencées ou engraissées, qui représentent des espaces pauvres, s’étendent. « Les prairies naturelles, remarquables pour leur diversité floristique, disparaissent. Elles ne représentent plus qu’une faible superficie au sein des communes. Les landes deviennent rares. Quant aux mares, il y en a encore, mais les herbiers aquatiques qui y permettaient d’accueillir de la faune disparaissent, eux aussi. Cela est en partie dû à un phénomène d’eutrophisation3, de dégradation de la qualité de l’eau », indique Philippe Frin.
À quoi sert cet inventaire des habitats naturels ?
Comment préserver ces espaces d’exception qui restent ? Tel est l’enjeu de cet inventaire qui sert d’outil de sensibilisation et d’alerte, notamment auprès des équipes municipales. « Ces dernières peuvent, par exemple, utiliser ces données pour orienter les projets d’aménagement urbain de leur commune et agir pour préserver la biodiversité. Dans un monde idéal, il ne devrait plus y avoir de modification, ni de construction sur ces espaces identifiés… », commente Philippe Frin.
Ces données peuvent aussi être utilisées pour sensibiliser les agriculteurs et les éleveurs. « Au sein des exploitations agricoles, au fil des années, il y a des changements, des départs à la retraite, des reprises… Est-ce que le repreneur de telle exploitation aura la même vision que son prédécesseur ? Il y a un vrai dialogue à engager avec le monde agricole pour faire perdurer les élevages et essayer de préserver ainsi la diversité floristique de ces espaces. D’ailleurs, celle-ci contribue à une meilleure qualité du lait et des fromages ».
Partager ces connaissances naturalistes permet donc de sensibiliser tout un chacun. Dans un contexte global de changement climatique et d’érosion de la biodiversité, il importe de bien connaître le patrimoine naturel local afin d’accompagner son évolution.
- Domaines de végétation définis par un espace homogène. Exemples : forêt de chênes verts, prairie de joncs…
- Association de protection de la nature et de la biodiversité en Bretagne créée en 1958.
- Selon le dictionnaire Le Robert : « apport excessif d’éléments nutritifs dans les eaux, entraînant une prolifération végétale, un appauvrissement en oxygène et un déséquilibre de l’écosystème ».