Dans le cadre du projet de Trame noire, le Parc naturel régional de Brière accueille les évènements « raconte-moi ta nuit » et le programme de recherche « MITI-PLUM » du collectif d’experts de l’Observatoire de l’Environnement Nocturne du CNRS. Depuis un an, les membres du collectif organise des déambulations nocturnes, des ateliers et des conférences afin de sensibiliser les différents publics à la qualité de la nuit sur le territoire. En parallèle, l’équipe scientifique porte un programme recherche visant à étudier la pollution lumineuse locale sur le long terme.
« Des travaux montrent depuis une trentaine d’années déjà que les lumières artificielles perturbent l’ensemble du vivant, notamment en fragmentant les habitats naturels : entrave les déplacements, la communication, la reproduction, la prédation, la pollinisation, etc. », explique Samuel Challéat, Géographe de l’environnement, Chargé de recherche au CNRS. Les conséquences se traduisent aussi sur la santé humaine, avec le dérèglement des rythmes biologiques, la perturbation des rythmes de sommeil, etc. « Les habitants du Parc naturel régional de Brière savent qu’ils vivent dans un milieu écologiquement riche et ont conscience de l’enjeu de préservation des espèces sur leur territoire. Mais ils ne veulent pas non plus vivre dans le noir complet », reconnaît Samuel Challéat. « Tout est une question d’arbitrage entre les besoins humains en matière de lumière artificielle et les besoins d’obscurité du vivant ».
Débattre du couple « obscurité-lumière artificielle »
Les déambulations organisées sur le terrain depuis septembre 2023 ont été l’occasion d’ouvrir ce débat entre les habitants et les élus. D’autres déambulations sont prévues cet automne et cet hiver. « Pendant la déambulation, les participants passent sous différents lampadaires et nous leur demandons d’estimer l’intensité avant de la mesurer avec un luxmètre. La perception de cette luminosité est quasi systématiquement fausse. Avec ce type d’exercice, nous leur faisons prendre conscience que certains lampadaires éclairent trop », témoigne Samuel Challéat. « On s’aperçoit aussi collectivement que certains points n’ont plus de raison d’être et que l’on peut diminuer la cacophonie lumineuse. Ainsi, à Prinquiau, les participants se sont accordés à dire que le tour de l’église était suréclairé, avec certains points lumineux doublés… Par ailleurs, l’éclairage peut être abaissé sans poser de problème de sécurité dans certaines zones à condition que les contrastes de matériaux soient bien travaillés, entre le trottoir et la chaussée, par exemple ».
Des diagnostics sensibles de la nuit
Le travail du collectif d’experts donne lieu à des diagnostics sensibles de la nuit, avec les élus et les habitants, à l’échelle d’un quartier ou d’un centre-bourg communal, par le biais de l’organisation de diverses activités (conférences, ateliers et déambulations). Ces diagnostics qui se veulent participatifs et pédagogiques permettent d’ouvrir la réflexion sur la palette de solutions possibles afin de réduire ou d’ajuster l’éclairage artificiel et de valoriser l’obscurité nocturne favorable au vivant. « Les élus pourront s’appuyer, s’ils le souhaitent, sur ce travail pour commencer à matérialiser des réseaux écologiques sombres ».
Un programme de recherche scientifique MITI-PLUM
Construit en partenariat avec le Parc naturel régional de Brière et financé par la Mission pour les initiatives transverses et interdisciplinaires du CNRS, le programme MITI·PLUM (pour “Mitigation de la pression lumineuse”) s’inscrit dans une démarche de science citoyenne et poursuit un objectif d’amélioration de la qualité environnementale du territoire. Grâce aux données récoltées en continu par le réseau de capteurs, l’équipe de recherche expérimentera un outil d’aide à la décision en temps réel prenant en considération les facteurs d’aggravation de la pollution lumineuse par exemple la couverture nuageuse), les enjeux écologiques, avec un focus sur les oiseaux migrateurs, et les marges de manœuvre liées à l’acceptation par les habitants de mesures de réduction de l’éclairage public à échelles fines.
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Suivez en temps réel l’évolution du réseau de capteurs et les données collectées via la carte interactive.
Photos ©Samuel Challéat, Observatoire de l’Environnement Nocturne, CNRS